Par Rob Hannam, Farm Health Guardian
En cas d’éclosion de maladie, une intervention rapide pour limiter la propagation de la maladie est cruciale, particulièrement s’il s’agit d’une maladie animale exotique (MAE) qui peut entraîner la mise en quarantaine de fermes et des restrictions de déplacements. Toute stratégie de contrôle doit tenir compte du bien-être des animaux, minimiser les conséquences pour les fermes non infectées et limiter les interruptions opérationnelles. Idéalement, la stratégie choisie contrôlera la propagation de la maladie, assurera rapidement la reprise des activités commerciales et sera très ciblée afin de limiter le nombre de fermes mises en quarantaine. Il est particulièrement important d’éviter toute mise en quarantaine inutile afin d’assurer le bon fonctionnement de l’industrie.
Le Dr Machado et ses collaborateurs ont mené une étude (en anglais seulement) sur l’efficacité de différentes stratégies de contrôle de propagation de la peste porcine africaine (PPA) à l’aide de modélisation mathématique. Leur étude s’appuie sur des données de mouvements réels d’animaux et simule la propagation de deux souches de PPA au sein de 13 000 fermes porcines. Les résultats obtenus ont démontré que le retraçage des déplacements des animaux en amont était la meilleure intervention parmi toutes celles analysées. Le retraçage en amont a permis d’obtenir un contrôle de la propagation de 95 %, soit un taux plus élevé que la mise en place de zones de quarantaine. De plus, la stratégie de retraçage des déplacements ayant eu lieu au cours des 15 jours précédant la détection de la maladie a nécessité la mise en quarantaine de beaucoup moins de fermes.
L’étude du Dr Machado a examiné huit stratégies possibles, dont les suivantes :
- Mise en place d’une zone de quarantaine d’un rayon de 15 km autour de la propriété infectée
- Mise en place d’une zone de quarantaine d’un rayon de 15 km combinée à une mise en quarantaine générale de toutes les exploitations agricoles du même réseau de production
- Retraçage des déplacements des animaux ayant eu lieu au cours des 15 jours précédant la détection de la maladie
Comme le montre le tableau ci-dessous, le retraçage en amont a produit les meilleurs résultats, tant en matière de contrôle de la propagation de la maladie que de la minimisation de l’impact économique.
Stratégie de contrôle | Nombre de fermes infectées mises en quarantaine | Nombre de fermes saines mises en quarantaine | Taux de contrôle de la propagation |
---|---|---|---|
Zone de quarantaine d’un rayon de 15 km autour de la ferme de référence | 14 | 63 | 85% |
Zone de quarantaine d’un rayon de 15 km + quarantaine générale de toutes les fermes du même réseau de production* | 16 | 2100 | 89% |
Retraçage des déplacements des animaux en amont (15 jours) | 18 | 12 | 95% |
Retraçage des déplacements des animaux en amont (30 jours) | 18 | 28 | 99% |
* La mise quarantaine générale comprend toutes les fermes du même réseau de production (et non pas seulement celles comprises dans la zone de quarantaine d’un rayon de 15 km).
La stratégie comprenant le retraçage en amont et la mise en place d’une quarantaine d’un rayon de 15 km et d’une quarantaine générale n’a pas significativement mieux contrôlé la propagation de la maladie que le retraçage en amont employé seul. De plus, cette stratégie a entraîné la mise en quarantaine inutile de 2 100 fermes saines. En revanche, la stratégie de retraçage en amont qui cible les fermes infectées a entraîné le moins de mises en quarantaine. Le modèle a prédit que le retraçage des déplacements des animaux au cours des 15 jours précédant la détection de la maladie entraînerait la mise en quarantaine de moins de 1 % des fermes non infectées alors qu’une zone de quarantaine d’un rayon de 15 km accroîtrait considérablement le coût direct de la maladie en raison de la mise en quarantaine inutile de fermes non infectées. En outre, « les zones de quarantaine, qu’elles soient d’un rayon de 5 km ou de 15 km, sont moins efficaces que le retraçage des déplacements des animaux », selon le Dr. Machado.
« Les zones de quarantaine, qu’elles soient d’un rayon de 5 km ou de 15 km, sont moins efficaces que le retraçage des déplacements des animaux. »
– Dr. Machado
Puisque le retraçage en amont permet de mieux contrôler la propagation tout en ayant un impact sur un nombre considérablement plus petit de fermes non infectées, cette étude confirme qu’il devrait être la stratégie de choix pour le contrôle des maladies animales exotiques. Et comme le traçage en amont est plus ciblé que la mise en place de zones de quarantaine, il permet de minimiser les pertes économiques attribuables à la maladie ainsi que l’impact de la maladie sur le bien-être des animaux.
Cette étude fournit d’importants renseignements en mesurant l’efficacité et les répercussions des stratégies de contrôle de la maladie. Assurons-nous de considérer dûment ces apprentissages afin de les intégrer à nos actions lors du prochain événement de santé.
Pour en apprendre davantage, visitez www.farmhealthguardian.com.
Lisez le rapport de cette étude au https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/tbed.14334
Apprenez-en davantage sur ce chercheur au https://machado-lab.github.io/