Par Rob Hannam
Une étude a démontré que la surveillance et la rétroaction en temps réel améliorent l’application des mesures de biosécurité. En plus de la communication et de la formation, le rôle de la technologie ne devrait pas être sous-estimé pour renforcer votre programme de biosécurité.
Racicot et coll. (2022) ont mené un projet pilote pour surveiller et évaluer la fréquence de désinfection des mains et de changements de bottes à l’entrée des bâtiments d’élevage1. La technologie RFID a été adaptée pour vérifier la désinfection des mains et le changement de bottes à l’entrée de bâtiments d’élevage. Les participants recevaient une rétroaction sous forme de sonnerie d’alarme lorsqu’ils ne suivaient pas les directives.
Des étiquettes ou des puces RFID ont été insérées sous la semelle des chaussures que les participants portaient pour se rendre au travail ainsi que dans leurs bottes de travail. Une antenne installée sur le plancher du côté propre et reliée à un désinfectant à base d’alcool permettait de vérifier la désinfection des mains et le port des bottes chaque fois qu’un employé entrait dans le bâtiment.
Pendant le projet pilote, les participants sont entrés dans le bâtiment d’élevage 254 fois et ont désinfecté leurs mains 173 fois, ce qui représente un taux de conformité de 68 %. Dans les 81 cas de non-conformité où l’alarme a sonné, les participants ont corrigé la situation 26 fois (ce qui représente environ le tiers des cas), démontrant qu’une rétroaction en temps réel améliore considérablement le taux d’application des mesures de biosécurité.
La rétroaction en temps réel améliore considérablement l’application des mesures de biosécurité.
Dans un autre bâtiment, sept employés et quatre visiteurs ont participé à l’étude. En tout, 105 visites ont été enregistrées pendant quatre semaines. Le système RFID a enregistré 89 cas (85 %) de non-conformité. Soixante de ces cas (57 %) sont survenus au cours des deux premières semaines lorsqu’il n’y avait pas d’alarme. Au cours des deux dernières semaines pendant lesquelles le système d’alarme était activé, seulement 29 cas de non-conformité (28 %) ont été enregistrés. Il y avait donc une différence marquée lorsqu’une rétroaction technologique en temps réel était fournie.
Les chercheurs ont conclu que le taux d’application des mesures de biosécurité était presque deux fois plus élevé lorsqu’une rétroaction en temps réel était fournie comparativement au taux observé à l’aide de caméras cachées2.
Ces résultats confirment ceux d’une autre étude où, après 49 jours d’envoi automatique de notifications de visites au gestionnaire de la ferme, le nombre de visites non autorisées a remarquablement chuté avant de se stabiliser. Les chercheurs de cette étude ont attribué la baisse importante de visites non autorisées à la numérisation de la biosécurité3.
Quelques semaines après le début de l’enregistrement des visites et de l’envoi de notifications, des rencontres ont été organisées avec tous les types de visiteurs (services d’entretien, visiteurs, vétérinaires, camionneurs, etc.) pour leur montrer leurs propres données et leur expliquer comment elles allaient à l’encontre des mesures de biosécurité de l’entreprise. La numérisation de la biosécurité a permis la visualisation des données, ce qui a entraîné une hausse du taux d’application des mesures et un renforcement de la biosécurité.
Les mesures de biosécurité ne sont pas toujours appliquées aussi bien que les agriculteurs et les vétérinaires le souhaiteraient. Leur plus grande crainte est que le non-respect des règles de biosécurité entraîne des éclosions de maladies. Pour une mise en œuvre de mesures de biosécurité réussie, la technologie et la rétroaction en temps réel sont des stratégies qui peuvent jouer un rôle important dans l’amélioration des pratiques.
2 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21605922/
3 https://farmhealthguardian.com/fr/la-biosecurite-numerique-ameliore-les-pratiques-fr/